RGPD, e-privacy, économie de l’attention, portabilité des données… La prise de conscience des Français en matière de risques numériques reste plus théorique que pratique.

Eduquer, sensibiliser, acculturer

Mardi 23 janvier 2018, la MAIF et Reputation Squad ont révélé, lors d’un petit-déjeuner débat, les résultats d’une enquête sur les niveaux de connaissance et les pratiques des Français en matière d’e-réputation et de risques numériques.

Eduquer, sensibiliser, acculturer les individus aux rouages du web et des nouvelles technologies, est essentiel à l’émergence d’une prise de conscience collective. C’est suivant cet esprit que Mes Datas et Moi a vu le jour en 2015. Qu’il s’agisse de la mobilité, de l’habitat, des objets connectés, ou des modes de relation sociale et professionnelle, la digitalisation de la société pénètre tous les pans de notre quotidien en rendant leurs frontières poreuses. Gains de productivité, facilité d’accès à de nouveaux services et à la connaissance… l’éventail de possibilités offert par ces nouveaux usages ne doit pas occulter la nécessité d’en maîtriser les règles et les enjeux.

#MesDatasetMoi #DonnéesPersonnelles #confiance ou comment mieux appréhender ses données personnelles sur les réseaux sociaux. Conférence de presse @Maif en cours @MSC_Officiel cc @RomainLiberge @cozycloud #RGPD pic.twitter.com/zypMb6cpqn

— Garry MENARDEAU ⭐⭐ (@GarryMenardeau) January 23, 2018

Le paradoxe français en matière de protection de la vie privée en ligne

Si les Français s’inquiètent pour leurs données personnelles, ils ne semblent pas encore prêts à agir en conséquence pour les protéger. C’est ce que révèle une analyse basée sur 350 000 données statistiques collectées par le dispositif de sensibilisation Mes Datas et Moi.

La @MAIF, en partenariat avec @ReputationSquad, organise un petit-déjeuner débat sur le thème « Vie privée et numérique :
les nouveaux enjeux de confiance ». RDV le 23/01 sur la page Facebook #MesDatasetMoi pour suivre le débat #endirect. pic.twitter.com/J07PZoJ8Cf

— Numérique Ethique (@numethique) January 18, 2018

Pour @RomainLiberge, les #entreprises ont un rôle primordial à jouer dans la sensibilisation de leurs #collaborateurs à la protection des #données. #MesDatasetMoi pic.twitter.com/PeSRmxht1j

— Numérique Ethique (@numethique) January 23, 2018

Une existence numérique partiellement maîtrisée

Les Français sont de plus en plus connectés, et la porosité des frontières entre vie personnelle et vie numérique s’accroît.

39% d’entre nous admettent ne connaître réellement qu’une partie des 177 amis Facebook que nous affichons en moyenne. L’analyse de 3,6 millions de commentaires Facebook, publiés sur les 100 plus grandes pages Facebook de médias français, révèle qu’une majorité (52%) de ces messages est publiée pendant les horaires usuels de travail (9h-12h et 14h-18h), quand 8,9% le sont pendant la nuit (entre minuit et 6h du matin).

Les Français ne semblent qu’en partie lucides sur les conséquences de leurs activités numériques. La moitié des utilisateurs Facebook estiment publier deux fois moins de statuts qu’en réalité.

Sur Twitter, les internautes interrogés ne se souviennent pas d’un cinquième de leurs tweet, et reconnaissent qu’une fois sur quatre, ils retweetent sans avoir pris la peine de consulter le lien inclus dans le message initial.

Les Français auraient aussi tendance à minimiser la quantité d’informations laissée à la disposition des acteurs numériques, 84% d’entre eux prétendent ne divulguer que très peu d’informations personnelles. Pourtant, à titre d’exemple, 58% des sondés reconnaissent avoir recours à la géolocalisation pour se déplacer à pied, quand 44% ignorent qu’elle reste active même quand ils ne l’utilisent pas.

80% des 18 ans et moins conserveraient une application qui ferait une collecte abusive de #donnees. #MesDatasetMoi pic.twitter.com/3Z3tDyOxPE

— Desmarais Avocats (@DesmaraisAvocat) January 23, 2018

Une inquiétude généralisée sur la valorisation des données personnelles

L’enquête Mes Datas et Moi révèle que trois Français sur quatre seraient inquiets quant à la sécurité de leurs données personnelles, et ce d’autant plus à mesure que leur âge augmente : si 66% des 0-18 ans sont préoccupés pour leurs données personnelles, cette proportion atteint 83% des 61-75 ans.

En particulier, Facebook est une source d’inquiétude plus grande encore : 87% des Français interrogés redoutent que l’entreprise américaine ait accès à leurs données privées. Mais le secteur privé n’est seul à provoquer de la défiance : seuls 2% des personnes interrogées confieraient volontairement leurs données de santé à l’Etat – en oubliant, sans doute, de qui relève la Sécurité Sociale.

Après ce #débat animé, nos invités testent les expériences #MesDatasetMoi au @MSC_Officiel : voyage en #VR dans l'univers des #GAFA, tests autour de l'utilisation des #reseauxsociaux et parcours pour comprendre la circulation des #donnéespersonnelles. pic.twitter.com/H4jgfPhDiP

— Reputation Squad (@reputationsquad) January 23, 2018

On constate que la prise de conscience des Français sur la valeur de leurs données personnelles reste plus théorique que pratique.

Le temps que nous passons sur les #réseauxsociaux augmente chaque année pourtant nous avons du mal à nous rendre compte des traces que nous laissons : données de #géolocalisation, posts et statuts, likes, vidéos, photos… #MesDatasetMoi pic.twitter.com/NHSFty5mIQ

— Numérique Ethique (@numethique) January 23, 2018

Un internaute sur deux déclare n’avoir jamais lu les Conditions Générales d’Utilisation des services qu’il utilise. Sans doute ont-ils été découragés par la longueur de ces dernières. En effet, pas moins de 6508 mots constituent, en moyenne, les CGU de Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, Pinterest et Reddit.

Une partie de la jeune génération semble résignée à livrer ses données en échange de services attractifs et performants ; 10% des 0-18 ans assument ne rien mettre en œuvre pour protéger leurs données personnelles, et 80% d’entre eux sont prêts à conserver une application malgré une collecte abusive d’informations privées.

L'#Ethique doit plus que jamais être au coeur du débat quand on évoque les enjeux des #algorithmes et de l'#IA. Rapport #Cnil 📎 https://t.co/ucKWPEapzd https://t.co/2tAQofVZ2r

— Dominique Mahé (@dominique_mahe) January 25, 2018

Un cinquième des 19-30 ans déclare utiliser un tracker d’activité. Par ailleurs, le renforcement des droits des individus, avec notamment l’arrivée prochaine du RGPD, semble n’intéresser que les professionnels directement concernés. La discussion sur Twitter est à ce titre révélatrice : sur un échantillon d’utilisateurs ayant mentionné le « RGPD » au cours des 6 derniers mois, le grand public est quasiment absent, et laisse place aux juristes et avocats, experts-comptables, professionnels du numérique, entrepreneurs et journalistes.

Si les #internautes déclarent se méfier des services du #web qui récoltent leurs #donneespersonnelles, ils ne sont toujours pas prêts à y renoncer ! #MesDatasetMoi pic.twitter.com/IDtnKfJsci

— Numérique Ethique (@numethique) January 23, 2018

Pour Philippe Tauvel, directeur adjoint de la communication de la MAIF :

le manque de lucidité du grand public sur les risques numériques qui leur font face, et leur méconnaissance des outils et mécanismes juridiques susceptibles de les protéger, confirment le sens de l’action de sensibilisation que nous avons entreprise il y a plus de deux ans avec Mes Datas et Moi. La construction d’un monde numérique plus humain et éthique, que la Maif appelle de ses vœux, ne se fera pas sans les premiers concernés, et notamment, sans les jeunes générations.

Pour Albéric Guigou, président de Reputation Squad :

Il est de notre responsabilité, en tant que professionnels de la communication et du numérique, de participer à la démocratisation des savoirs en matière d’e-réputation et, plus largement, de risques numériques.