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Jang Ji-sung a perdu sa fille en 2016. Elle a fait l’expérience de la réalité virtuelle avec sa fille décédée créée pour un documentaire sur la puissance de la réalité virtuelle et diffusé à la télévision coréenne.

Quand le transhumanisme flirte avec l’occultisme

À l’heure où coulent les premiers pixels sur mon écran, la vidéo a été vue presque des millions de fois sur YouTube. Elle montre une expérience de réalité virtuelle. On y voit Jang-Ji-Sung, la maman, coiffée d’un casque de réalité augmentée et des gants haptiques aux mains qui lui permettent d’avoir l’impression de toucher sa fille défunte.

Tout est connecté et la maman perçoit une fillette ressemblant à sa fille, qui bouge, qui lui parle et répond à son nom.

Elle caresse le vide avec la même tendresse, la même douceur que celle d’une mère pour son enfant. Le gâteau d’anniversaire est là. L’émotion est palpable, chez la mère, dans le « dialogue » entre mère et fille, et même chez les techniciens qui assistent à l’expérience.

S’il est une échelle dans la douleur, perdre son enfant est sans aucun doute la graduation la plus haute.

Le geek applaudira la prouesse de réalité virtuelle avec, sans doute, un peu d’intelligence artificielle dedans. Oui, bravo aux ingénieurs et aux techniciens qui ont pu leurrer la mère, grâce aux techniques utilisées. Mais ni leurrer ni tromper ne sont des mots qui conviennent : la malice est sans doute absente de cette expérience. Certes, le cynique verra que sont actionnées des ficelles émotionnelles grosses comme des cordes de marine d’un très respectable diamètre.

La réalité virtuelle pour faire revivre nos morts ?

Ce que nous dit cette expérience fait froid dans le dos. Les outils qui se développent vont progresser encore et encore en réalisme, devenir de plus en plus adaptables à ce qu’ils perçoivent de nous, et qui sait si, dans le futur, un homme ne trouvera pas plus de satisfaction à interagir avec des virtuels qu’avec des semblables.

Est-ce notre choix de privilégier une relation homme – machine à une relation homme – homme ? Les probabilités d’échecs pourraient être minimisées, voire peut-être réduites à zéro avec des machines de plus en plus sophistiquées. Mais est-ce encore vivre que vivre sans être exposé au risque ?

Le projet transhumaniste est, bien sûr, sous-jacent, dans ces expériences. Demain, les humains modifiés avec des cartes électroniques et des processeurs implantés directement dans le cerveau pourraient s’affranchir de ces casques et de ces gants encore nécessaires pour créer la sensation. L’outil d’asservissement prégnant dans ces technologies est tellement évident. L’émotion suscitée artificiellement donne les clefs de contrôle de l’individu.

La fuite du temps est, de loin, le meilleur sujet d’inspiration des poètes. Les photos de mes parents qui sont accrochées au mur au-dessus de mon bureau, quand je les regarde, me font un rappel, comme une sorte de reproche que l’on s’adresse à soi-même, de tout ce que nous ne nous sommes pas dit quand il en était encore temps. Il faut se résigner à vivre avec, faire son deuil.

Cette expérience a du potentiel pour une personne qui a déjà accompli une part du processus de deuil, est prête à lâcher prise. Ce qu’il faut éviter, c’est de permettre au patient de se réfugier tout seul dans une immersion répétée de façon compulsive.

Le deuil est un sujet pluriel et sensible et aujourd’hui, le développement de la technologie pose de nouvelles questions éthiques.

Certains s’inquiètent des conséquences, d’autres trouvent que c’est une belle manière d’accompagner un deuil… Et vous, qu’en pensez-vous ?

12 thoughts on “Deuil et réalité virtuelle : une mère revoit sa fille décédée à 7 ans

  1. Un sujet intéressant, il doit se créer 1 dépendance : vouloir toujours plus de virtuel qui procure du bien-être et fuir la réalité difficile… comme une drogue ( en moins nocif pour le corps …mais pour l’esprit ?

  2. Je trouve ça super glauque. Comment tu peux faire ton deuil et avancer dans ta vie si ont te propose de voir ta fille qui est décédé en réalité virtuelle ? C’est super triste mais il faut savoir que la vie est ainsi faite. On ne peux pas ce torturer l’esprit et rester bloquer

  3. Regardez l’épisode 1 de la saison 2 de Black mirror, ça traite exactement le sujet là. Oui c’est glauque.

  4. Cette expérience a du potentiel pour une personne qui a déjà accompli une part du processus de deuil, est prête à lâcher prise. Ce qu’il faut éviter, c’est de permettre au patient de se réfugier tout seul dans une immersion répétée de façon compulsive.

  5. Je trouve ça plutôt malsain.
    Vu sous un autre angle, c’est la même idée que les stars décédées qui sortent encore des albums… D’après ce que j’ai lu après, il s’agissait d’une femme qui se culpabilisait bcp et ce projet de réalité virtuelle faisait partie du processus de deuil. Ça reste quand même glauque. Mais bon, chacun est différent.

  6. Ça peut paraître effrayant ou débile pour certains mais je vous assure que je le ferais si ça me permettait de revoir ma mère, que ce soit virtuel ou non … Il ne faut pas trop juger cette femme, un deuil est extrêmement difficile à faire et parfois, on ne le fait jamais …

  7. Ça va poser un problème dans son parcours de deuil et certaines personnes vont s’enfermer dans ce genre cette réalité virtuelle tant le traumatisme de la perte a été fort.
    Je suis pas fan de ce genre de dispositif.

  8. bonjour, comment vas tu? je suis pour l’IA et la robotique en général mais là c’est ultra creepy. nous sommes nombreux hélas à avoir perdu un enfant et personnellement je n’arrive pas à voir le positif de cette expérience pour cette femme. passe un bon lundi et à bientôt!

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