

La cinéaste néo-zélandaise Jane Campion recevra le Prix Lumière lors de la 13e édition du festival Lumière, qui se déroulera à Lyon du samedi 9 au dimanche 17 octobre 2021. C’est un style reconnaissable parmi tous les autres, une esthétique hors du commun et une poésie fulgurante que salue le 13e Prix Lumière en honorant son cinéma.
Depuis son premier court métrage, Peel – An Exercise in Discipline (1982, Palme d’Or au Festival de Cannes) jusqu’au triomphe de sa série Top of The Lake, Jane Campion explore les sphères du désir et des relations humaines en livrant une galerie de portraits parmi les plus beaux de l’histoire du cinéma, femmes de tête incarnées par Holly Hunter, Nicole Kidman, Meg Ryan, Jennifer Jason Leigh, Elisabeth Moss ou encore la débutante Anna Paquin qui reçoit l’Oscar à 11 ans pour son rôle dans La Leçon de piano.
A l’aube des années 1990, Jane Campion a émergé d’une génération de nouveaux auteurs comme les Coen, Tarantino, Soderbergh, etc. En 1989, la cinéaste (auteure d’une poignée de courts métrages remarqués notamment par Pierre Rissient) débarque avec son premier long Sweetie. Voix off évocatrice, composition photographique des plans, fissure de la normalité jusqu’au malaise… le style Campion secoue la planète cinéma. C’est avec cette tension provocatrice qu’elle adapte, l’année suivante, le roman de Janet Frame Un ange à ma table, où elle dirige trois actrices pour trois âges de la vie d’une même femme, enfermée dans un asile et qui s’évade par l’écriture.

Le film suivant, La Leçon de piano, produit avec Pierre Rissient pour la société française Ciby 2000 (qui, dans les années 1990, accueillit Bernardo Bertolucci, David Lynch, Pedro Almodovar, Emir Kusturica ou Mike Leigh), impose Jane Campion comme une cinéaste majeure. Un projet de longue haleine initié à la fin de ses études mais que son ampleur et son coût repoussaient sans cesse. En 1993, le film, dont la force et le lyrisme sont à rapprocher de l’œuvre d’Emily Brontë et de la poésie d’Emily Dickinson, remporte la Palme d’Or au Festival de Cannes. Plongés dans la jungle luxuriante de la Nouvelle Zélande, en pays Maori, les acteurs Holly Hunter, Harvey Keitel, Sam Neill et Anna Paquin font merveille dans l’un des films les plus troublants sur le désir.
Jane Campion est au sommet et ne le quittera plus jamais. Que ça soit Portrait de femme (1996), adapté d’Henry James et porté par Nicole Kidman et John Malkovich, le road trip « New Age » Holy Smoke, qui révèle toute la subtilité du jeu de Kate Winslet, le thriller virtuose In The Cut, remarquable incursion dans le film de genre avec Meg Ryan, Jennifer Jason Leigh et Mark Ruffalo, ou Bright Star, évocation en forme de chef-d’œuvre de la vie du poète John Keats, chacun de ses films est un événement. D’autant plus fort que Jane Campion est rare. Sept longs métrages en 20 ans qui composent une filmographie unique et un cinéma à la fois personnel et universel.
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