
Avec sa monnaie virtuelle Libra, Facebook veut bouleverser le système financier mondial, de quoi donner des sueurs froides à certains Etats, inquiets de voir des entreprises privées s’engager sur ce terrain.
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Libra doit offrir un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels. Elle se veut ainsi la pierre angulaire d’un tout nouveau écosystème financier sans la barrière des différentes devises. Un outil susceptible donc d’intéresser notamment les exclus du système bancaire, dans les pays émergents par exemple.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) Mark Carney a mis en garde: si le projet de Facebook s’avère être un succès,
il deviendra instantanément systémique et devra être soumis aux meilleures normes de régulation.
Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a aussi fait part de ses réserves au micro d’Europe 1.
Que Facebook crée un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, que ça devienne une monnaie souveraine, il ne peut pas en être question.
L’attribut de la souveraineté des Etats doit rester aux mains des Etats, et pas des entreprises privées, qui répondent à des intérêts privés.
Porte-monnaie
En s’attaquant, dix ans après le bitcoin, au sulfureux domaine des cryptomonnaies, régulièrement sous le feu des projecteurs du fait de piratages et d’accusations de blanchiment d’argent, Facebook se lance un défi de taille, tant il fait lui-même l’objet d’une grave crise de confiance après une série de scandales autour de sa gestion des données personnelles.
Les usagers disposeront sur leur smartphone d’un porte-monnaie numérique, “Calibra” directement intégré par Facebook à ses services Messenger et WhatsApp, pour faire leurs achats, envoyer ou recevoir de l’argent, ont expliqué à l’AFP des responsables du projet.
Mais Libra est un système “ouvert”: son code informatique est libre de droits, ce qui signifie que tout développeur, entreprise ou institution peut l’intégrer à ses services.
L’arrivée de Facebook et potentiellement ses plus de 2 milliards d’usagers dans cette arène bouillonnante que sont les cryptomonnaies pourrait être un “tournant” pour ce secteur, selon Lou Kerner, investisseur et spécialiste reconnu du sujet, car cela pourrait les populariser auprès du grand public.
Elle illustre aussi la volonté du réseau social de se diversifier au-delà de la publicité en ligne, la base de son modèle économique, lui-même fondé sur les données personnelles.
Bien conscient d’être attendu au tournant, le groupe américain a aussi décidé de confier la gestion de Libra à une entité indépendante, basée à Genève (Suisse) et composée d’entreprises comme les émetteurs de cartes bancaires Mastercard et Visa, les services de paiement Stripe et PayPal, les entreprises de réservation de voitures Lyft et Uber, ou encore le réseau Women’s World Banking, qui aide des femmes défavorisées de pays émergents à avoir accès aux services financiers.
Cela servira aussi à garantir la stabilité de cette nouvelle monnaie virtuelle, de façon à ce qu’elle échappe aux énormes fluctuations ayant contribué à ternir l’image de cryptomonnaies, comme le bitcoin.
Rassurer
Ce projet peut potentiellement permettre à plus d’un milliard de personnes “exclues du système bancaire” d’accéder au commerce en ligne et aux services financiers, assure Dante Disparte, de l’association Libra.
En confiant la gestion à une entité distincte, Facebook cherche à rassurer sur deux fronts : il ne sera pas aux manettes et tout sera fait pour que Libra ne soit pas victime des mêmes errements que le bitcoin.
“Calibra” sera une filiale dédiée et soumise à régulation, a précisé Facebook, qui a assuré que les informations financières de Calibra seront strictement séparées des données personnelles détenues par Facebook et ne seront pas utilisées pour cibler de la publicité.
Les devises utilisées pour acheter des Libra serviront de réserve et de garantie à la monnaie virtuelle, dont la valeur sera indexée sur un panier de monnaies traditionnelles.
Comme les autres monnaies virtuelles, Libra repose sur la technologie de la blockchain (chaîne de blocs), sorte d’immense registre public et infalsifiable qui rend le transfert de devises virtuelles rapide, anonyme et sécurisé.
Libra est aussi un pari sur l’avenir de Facebook: le groupe ne gagnera pas directement d’argent avec Libra. Mais, à long terme, cela peut lui servir à attirer des utilisateurs et des annonceurs sur ses plateformes, ou à garder les actuels, et donc à renforcer ou créer des services payants ou financés par la publicité.
Le futur “libra” pose toutefois des questions immenses sur la gestion des données. Car si Facebook n’aura pas accès, sa filiale Calibra oui.
Source : AFP